Aujourd’hui je veux vous parler de l’artiste brésilienne Lygia Clark, elle est connue surtout par sa peinture et pour ses objets relationnels. Son nom est souvent associé à deux mouvements artistiques : le mouvement tropicaliste et le mouvement néo-concret brésilien dont elle était l’une des fondatrices. Pour les artistes du mouvement néo-concret l’art devrait être subjectif et organique.

Œuvre et Carrière
La carrière artistique de Lygia Clark commence lorsqu’elle quitte sa ville natale, Belo Horizonte, pour Rio de Janeiro à l’âge de 27 ans. À Rio elle commence à étudier avec le paysagiste Roberto Burle Marx. Entre 1950-52 elle suit des cours avec Isaac Dobrinsky, Fernand Léger et Arpad Szenes à Paris. L’artiste se consacra à l’étude des escaliers et des dessins de ses enfants, ainsi qu’à la création de ses premières peintures à l’huile. Après sa première exposition personnelle à l’Institut Endoplastique de Paris, en 1952. La première décennie de sa carrière elle se concentre sur la peinture et la sculpture. Et l’année suivante, elle participe à la première Exposition Nationale d’Art Concret à Rio de Janeiro.
Clark fut l’une des fondatrices du groupe Frente, créé en 1954. Elle se consacra à l’étude de l’espace et de la matérialité du rythme, elle rejoignit Décio Vieira, Rubem Ludolf, Abraham Palatnik, João José da Costa, entre autres. La même année, Clark participa à la Biennale de Venise avec sa série « Compositions » – un fait qui se répétera en 1968, lorsqu’elle sera invitée à exposer l’ensemble de sa carrière artistique jusqu’alors dans une salle spéciale.

Elle a exploré les installations et l’art corporel. Elle intègre le cadre comme élément plastique à ses œuvres, comme dans « Composition n° 5 ». Ses recherches portent sur la ligne organique, qui apparaît à la jonction de deux plans, telle celle entre la toile et le cadre. Entre 1957 et 1959, Clark crée des compositions en noir et blanc, formées de planches de bois juxtaposées, recouvertes de peinture industrielle appliquée au pistolet, où la ligne organique se révèle ou disparaît selon les couleurs utilisées.
La poétique de son œuvre tend vers la non-représentation et le dépassement du support. Elle propose une démystification de l’art et de l’artiste, ainsi qu’une désaliénation du spectateur, qui participe enfin à la création de l’œuvre.

L’expérience de la malléabilité des matériaux durs se traduit par la création de matériaux souples. Lygia Clark accède ainsi à la matière molle : elle délaisse la matière dure (le bois), traverse le métal flexible des « Bichos » (Animaux) et aboutit au caoutchouc dans « Obra Mole, 1964 » (Œuvre molle, 1964). Le transfert de pouvoir, de l’artiste au commanditaire, atteint une nouvelle limite dans « Caminhando, 1963 » (Marche, 1963). Couper le ruban signifie, au-delà de la question de la « poétique du transfert », se détacher de la tradition de l’art concret, puisque « Unidade Tripartida, 1948-49 » (Unité tripartite, 1948-49) de Max Bill, icône du constructivisme brésilien, est symboliquement constituée par un ruban de Möbius. Ce ruban déformé d’« Obra Mole » est désormais coupé dans « Caminhando ». Il s’agissait d’une situation extrême et du point de départ évident d’un nouveau paradigme dans les arts visuels brésiliens. L’objet n’était plus extérieur au corps, mais c’était le « corps » lui-même qui intéressait Clark.

L’art et la Thérapie
Clark était convaincue que l’art et la thérapie psychologique étaient indissociables. À tel point que, se basant sur des objets qu’elle créait ou collectait dans la nature – ballons, sacs de terre et d’eau, pierres, etc. –, elle pensait posséder le don de guérir les maux de l’âme. Dans les années 1970 elle explore l’idée de perception sensorielle dans l’art. à partir de ce moment son art devient une expérience multisensorielle dans laquelle le spectateur prend le rôle d’un participant actif. Quelques critiques voient ses œuvres comme précurseurs de la Société de la Connaissance.
Derniers Années
Son parcours fait d’elle une artiste intemporelle et inclassable dans l’histoire de l’art. Son œuvre et elle-même défient toute catégorisation aisée ; Clark établit un lien avec la vie, perceptible dans ses « Objets sensoriels, 1966-1968 » : le choix d’utiliser des objets du quotidien (eau, coquillages, caoutchouc, graines) révèle déjà une volonté de déconnecter le spectateur de l’institution artistique et de le rapprocher d’un monde en perpétuelle transformation. Tout au long de sa carrière, elle cherche à redéfinir la relation entre la société et l’art. À partir de 1965, on va voir comme ses œuvres ne trouvent plus de place dans les musées, parce que son désir d’artiste sera de fusionnes l’art et la vie.
Elle est rentrée à Rio de Janeiro en 1977. Dans les années 1980 elle passe à l’art-thérapie plutôt qu’à la création d’œuvres nouvelles. Elle utilise l’art-thérapie pour soigner des personnes psychotiques modérément perturbées.

En 1981, elle ralentit progressivement son rythme de travail. En 1983, son « Livro Obra » (Livre-Œuvre) est publié à 24 exemplaires. Cet ouvrage, d’une grande ouverture, retrace le parcours artistique de Clark, de ses premières créations à la fin de sa période néo-concrète, à travers des textes écrits par l’artiste et des structures manipulables.
En 1986, le 9e Salon des Beaux-Arts s’est tenu au Palais Impérial de Rio de Janeiro, avec une salle spéciale consacrée à Hélio Oiticica et Lygia Clark. Cette exposition fut la seule grande rétrospective consacrée à Clark de son vivant. Le 25 avril 1988, Lygia Clark décéda d’une crise cardiaque dans sa maison, à Rio, à l’âge de 67 ans.

Curiosités :
- Elle était enseignante à la Sorbonne au début des années 1970.
- Lors d’une séance de thérapie à la Sorbonne dans les années 1970, après qu’une jeune femme soit entrée en transe, Clark déclara qu’elle n’était pas psychologiquement préparée à supporter les exercices de sensibilisation et de relaxation, car ceux-ci libéraient des contenus refoulés et l’imagination des participants.
- En mai 2013, l’œuvre Contra Relevo a été vendue aux enchères à New York pour US$ millions, devenant ainsi, à l’époque, l’œuvre d’un artiste brésilien la plus chère jamais vendue aux enchères. Et en août de la même année, son œuvre Superfície Modulada nº 4 a de nouveau été vendue aux enchères à la Bolsa de Arte de São Paulo pour R$5,3 millions, battant le record et devenant, à l’époque, l’œuvre d’un artiste brésilien la plus chère jamais vendue aux enchères.

Références :
- BBC (en portugais)
- MoMA (en anglais)
- MoMA (en anglais)
- Portal São Francisco (en portugais)
- Images : WikiArt, Wikimedia Commons et Pinterest
Discover more from Women'n Art
Subscribe to get the latest posts sent to your email.


