mythological art, Research

Hylas et les nymphes

Hylas est un personnage de la mythologie grecque, il est le fils du Théodamas, le roi des Dryopes, et de la nymphe Ménodicé. Il est aussi l’éromène d’Héraclès. Il est connu par sa participation à l’expédition des Argonautes et son aventure avec des nymphes. Cette dernière a été beaucoup retraité dans l’art.

De la mythologie à la littérature

Dans la mythologie, quand Hylas participe à l’expédition des Argonautes, il fat une halte en Bithynie près des côtes de Mysie avec ses compagnons.  Etant allé puiser de l’eau à la cascade, il est enlevé par les nymphes du lieu qui, éprises de sa beauté, l’entraînent dans les profondeurs à jamais. Héraclès, s’inquiète de ne pas voir revenir Hylas, l’appelant en vain, erre dans les bois avec l’aide de Polyphème à la recherche d’Hylas. Pendant ce temps, les Argonautes, profitant d’une brise favorable, ont levé l’ancre et sans attendre le retour des quelques hommes descendus à terre. Le mythe nous raconte qu’ils le cherchèrent longtemps, sans jamais le trouver, car Hylas était tombé amoureux des nymphes et était resté pour partager son pouvoir et son amour.

Dans la littérature l’histoire d’Hylas et des nymphes est évoquée dans le livre 3 de The Faerie Queene d’Edmund Spenser, chant XII, strophe 7. Il est également mentionné dans la pièce de Christopher Marlowe, Édouard II : « Hylas n’a pas été plus pleuré par Hercule / Que tu ne l’as été par moi depuis ton exil » (Acte I, Scène I, ligne 142-3). Et Oscar Wilde évoque Hylas au moins six fois dans ces œuvres publiées. Et ce n’est que pour vous donner quelques exemples.

Dans l’art

Hylas et les nymphes – John William Waterhouse, 1896

C’est très probable que l’exemple le plus connu ce soit le tableau Hylas et les Nymphes (en anglais Hylas and the Nymphs) du peintre anglais John William Waterhouse, conservé à la Manchester Art Gallery. C’est un huile sur toile mesurant 98,2×163,3cm.

Le tableau représente Hylas comme un jeune homme en costume classique, vêtu d’une tunique bleue ornée d’une ceinture rouge et tenant une jarre à large col. Il est penché près d’un étang, dans une clairière au feuillage verdoyant tendant la main vers quelques jeunes femmes, ce sont des nymphes des eaux, qui émergent de l’étang parmi les feuilles et les nénuphars. Les nymphes sont nues, leur peau lumineuse dans l’eau sombre mais claire et leur cheveux auburn sont ornés de fleurs jaunes et blanches. Leur traits physiques sont très similaires, peut-être l’artiste a utilisé peu de modèles. Hylas est invité par les nymphes à entrer dans l’eau, d’où il ne reviendra jamais. L’une des nymphes lui tient le poignet et le coude, une seconde lui tire la tunique, et une troisième lui tend des perles dans la paume de la main. Hylas représenté de profil et son visage est à peine visible, mais les visages des nymphes sont clairement visibles lorsqu’elles le contemplent.

A Naiad or Hylas with a nymph – John William Waterhouse, 1920

La scène est représentée d’une position légèrement surélevée, regardant l’eau juste comme Hylas, de sorte qu’aucun ciel n’est visible. La position d’Hylas force le regard du spectateur sur les nymphes dans l’eau, tout comme l’absence de référence à sa relation avec les Argonautes ou Héraclès souligne que le récit du tableau ne concerne pas sur Hylas, mais les nymphes.

Young Hylas with the water nymphs – William Etty

L’histoire d’Hylas était un thème récurrent chez les artistes britanniques du XIXe siècle et du début du XXe siècle, on a des exemples de Waterhouse, mais aussi de William Etty.

Parmi des femmes on a l’exemple Hylas et les nymphes d’eaux de la peintre Henrietta Rae, c’est un tableau historique de 1909. Dans ce tableau, Rae représente Hylas secouru par des nymphes, et même si stylistiquement il fait écho à le tableau de Waterhouse de 1896, il y a un détail qui fait une grande différence au moment de l’interpréter : dans le tableau de Rae, Hylas est représenté face au public, son visage est visible, alors ça signifie que le récit de ce tableau ne pas juste sur les nymphes, mais dans la rencontre du héros avec ses êtres mythologiques.

Hylas et les nymphes d’eaux – Henrietta Rae, 1909

Décrochage du tableau de Waterhouse et l’objectification des femmes

Le tableau Hylas et les Nymphes de Waterhouse a été acquis de l’artiste par la Manchester Art Gallery en 1896. Il a été exposé à l’Exposition d’été de la Royal Academy en 1897. Mais en janvier 2018, Clare Gannaway, conservatrice de la Manchester Art Gallery, a temporairement retiré le tableau de l’exposition publique, suite à une décision « prise par le personnel de la galerie [en collaboration] avec l’artiste Sonia Boyce ».

Cette décision, a déclaré la conservatrice, a été « influencée par les récents mouvements contre l’objectification et l’exploitation des femmes », tels que la campagne #MeToo. Elle a nié que ce retrait constituait une quelconque forme de censure, déclarant : « Nous voulons voir cela comme le début d’un processus, et non comme une fin », et a fourni aux visiteurs des post-it pour leur permettre d’exprimer leur opinion. Entre-temps, les cartes postales du tableau ont été également retirées de la boutique de souvenirs.

Cette décision a suscité une vive réaction. L’historienne de l’art Elizabeth Prettejohn, qui avait auparavant organisé une exposition Waterhouse à la Royal Academy, a contesté les allégations affirmant que « retirer [le tableau] de l’exposition revient à étouffer tout débat possible ». Pour la chercheuse en histoire de l’art Ariane Lemieux, le décrochage du tableau « soutient davantage une critique de l’exposition muséale et de ses récits que de l’œuvre en elle-même ».

Au bout d’une semaine, le 3 février 2018, le conseil municipal de Manchester, qui gère la galerie, a remis le tableau au mur. « Il est clair que de nombreuses personnes sont très sensibles aux questions soulevées », a déclaré le conseil dans son communiqué.

Curiosités :

  • Certaines esquisses préparatoires de Waterhouse sont conservées à l’Ashmolean Museum d’Oxford.
  • Le tableau de Rae a été exposé à l’Exposition d’été 1910 de la Royal Academy à Londres. Et dans l’année 2000, il a été vendu chez Christie’s pour 575 000 £.

Références :

  • Barrow, Rosemary (2000). “Mad about the boy: mythological models and Victorian painting”. Dialogos: Hellenic Studies Review. 7: 124–142.
  • Mark Brown et Mark Brown arts correspondent, « Gallery removes naked nymphs painting to ‘prompt conversation’ »The Guardian,‎ 31 janvier 2018
  • Images : Wikimedia commons

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